Je me sens trop, tout le temps : comment sortir de la surcharge émotionnelle au boulot

Ce n’est pas que vous êtes “à fleur de peau”.
C’est que votre système émotionnel est en alerte permanente.
Tout vous traverse. Tout vous percute.
Un mail sec, un silence en réunion, un regard de travers, un ton mal calibré…
Et voilà que votre journée bascule.
Ce n’est pas que vous êtes fragile.
C’est que vous êtes très sensible en milieu un peu hostile.
Et que personne ne vous a appris comment vivre avec ça au travail sans exploser, imploser ou vous anesthésier.


La surcharge émotionnelle, ce n’est pas un caprice.

C’est un épuisement invisible.
Pas spectaculaire, mais sournois.
Et très mal compris dans le monde professionnel.
On l’appelle parfois “hypersensibilité”, parfois “fatigue nerveuse”, parfois “on se fait trop de films”.
En réalité, c’est surtout un signal d’alarme.
Votre système émotionnel vous hurle que vous êtes en train de traiter trop d’infos, trop fort, trop vite, sans pause.

Alors vous vous adaptez.
Vous analysez tout, tout le temps.
Vous cherchez à faire juste, à éviter les conflits, à ménager tout le monde.
Vous êtes l’antenne émotionnelle du groupe.
Et vous êtes souvent épuisé·e avant même d’avoir ouvert votre premier onglet du matin.
Mais personne ne le voit.
Parce que vous fonctionnez encore. Vous souriez. Vous livrez.
Et à l’intérieur, ça sature.

La surcharge émotionnelle, c’est quand

  • Vous anticipez tout, même ce qu’on ne vous a pas demandé.
  • Vous vous demandez si vous avez blessé quelqu’un après chaque message Slack.
  • Vous ressentez les tensions comme si c’était les vôtres.
  • Vous avez besoin de silence, mais vous enchaînez les réunions.
  • Vous pleurez parfois en sortant du travail… sans trop savoir pourquoi.


Ce n’est pas du drama. C’est le système qui dit stop.


Ce qui complique les choses, c’est que vous êtes probablement très compétent·e.

Fiable. Attentif·ve. Ultra conscient·e de vos impacts.
Alors, on vous confie tout. On vous sollicite beaucoup.
Et vous dites oui. Parce que vous voulez bien faire. Parce que vous sentez ce que les autres ne disent pas. Parce que vous culpabilisez facilement.
Et c’est comme ça que vous vous retrouvez à vous oublier, vous éteindre, vous éloigner de vous.


Alors, comment on sort de cette surcharge ?

D’abord, on reconnaît qu’elle existe.
Ce n’est pas un défaut de fabrication. Ce n’est pas un bug à corriger.
C’est un fonctionnement. Et comme tout fonctionnement, il peut être apprivoisé.
Ensuite, on arrête de croire que « tenir le coup » est un objectif.
Non, ce n’est pas glorieux d’être à bout.
Non, ce n’est pas une preuve de force de ravaler ce que vous ressentez jusqu’à exploser.
Vous avez le droit de dire : là, c’est trop.
Vous avez le droit de prendre un temps avant de répondre.
Vous avez le droit de ne pas être disponible 24h/24 pour les émotions des autres.


Sortir de la surcharge émotionnelle, ce n’est pas devenir froid·e ou distant·e.

C’est apprendre à réguler ce qui vous traverse, à poser des limites (même intérieures), à prioriser vos besoins aussi.

C’est :

  • repérer ce qui vous surcharge (certaines personnes, certaines tâches, certains rythmes) ;
  • créer des espaces de récupération émotionnelle (oui, c’est aussi important qu’une pause café) ;
  • ne plus confondre empathie et absorption.


Et surtout, c’est arrêter de croire que votre valeur dépend de votre capacité à tout encaisser sans broncher.


Votre sensibilité est précieuse.

Mais pas quand elle se retourne contre vous.
Pas quand elle devient un canal de surcharge non filtrée.
Elle peut être un superpouvoir.
Mais pour ça, il faut sortir du mode éponge, et passer en mode présence.
Vous n’êtes pas “trop”.
Vous êtes simplement en train de tout ressentir sans les bons repères pour trier, choisir, vous protéger.
Et ça, bonne nouvelle : ça s’apprend.